01 mai 2007

Voter c'est important...

...mais mieux vaut savoir pour qui.
Ne vous inquiétez pas, je ne vais pas faire un discours sur une éventuelle consigne de vote mais vous narrer une expérience intéressante au bureau de vote.

Nous étions donc le 22 avril vers 13h. Le matin j'avais entendu parler de l'affluence record dans les bureaux de vote dès le matin. J'avais donc un peu peur de passer au moins 30 minutes à poireauter dans l'école maternelle dédiée au scrutin. Non pas que je déteste les écoles maternelles mais passer 30 min. à observer les "dessins" de la petite Nelly, 4 ans ou du petit Kevin 5 ans n'était pas dans mes objectifs premiers en me levant ce matin là.

Coup de chance, le Français, en bon Français qu'il est, aime la bouffe, surtout devant une bonne daube (que ce soit le plat, Walker Texas ranger, Drucker...), donc le bureau est presque désert. Déjà on sent que l'ambiance est fébrile au sein même des assesseurs :

- tu as bien fait les croix quand tu as donné les enveloppes ?
- ben ouais.
- Mais on comprend pas ce que tu as fait ! Faut faire un bâton par enveloppe, ça forme un carré et à la fin tu barres le carré pour faire 5 ! Bon, je m'en occupe... (soupir)

Première étape de mon devoir civique : expliquer qu'ils ont ma carte d'électeur puisque j'ai changé d'adresse en janvier et que la Poste ne fait pas suivre les cartes d'électeur à la nouvelle adresse ! (Retenez bien ça si vous déménagez.)

Surprise ! Ma carte n'est pas là. Heureusement que j'avais appelé la mairie quelques jours avant pour m'étonner de la non-distribution de la fameuse carte estampillée "République Française", cela m'a permis d'expliquer mon cas.
Ma carte n'étant pas là, il faut alors vérifier que je suis bien sur la liste électorale. Miracle !

Deuxième étape : faire un choix. Par soucis de ne pas influencer les personnes m'entourant, j'ai pris tous les bulletins, sauf ceux de Villiers (faut pas déconner non plus) et Schivardi (les plaisanteries les plus courtes...). Et là dans l'isoloir c'est la panique. Depuis mon premier vote en 1995, je n'avais jamais eu de doute. Ma foi était inébranlable. Sauf que là je commence déjà à être un vieux con qui pense et je n'avais pas envie, après 2002, de voter contre quelqu'un mais pour. Mon choix se fit donc au dernier moment, après une intense réflexion dans l'isoloir.

Troisième étape : insérer l'enlevoppe dans l'urne. Etape la plus intéressante car la plus longue et celle qui reflète bien le manque de clarté dans le déroulement d'un vote pour plusieurs personnes.
Déjà un homme d'une quarantaine d'années s'apprêtait à mettre son enveloppe dans l'urne quand une assesseuse l'interpelle :

- mais elle est vide votre enveloppe ! Vous n'êtes pas passé par l'isoloir ?
- heu non...
- Ben faut y aller monsieur !

Je retenais d'ores et déjà une chose : les assesseurs matent vachement les gens pour savoir s'ils suivent bien le processus. Ensuite cette charmante dame n'a sans doute pas encore assimilé le fait qu'elle n'a pas le droit d'influer sur le vote et donc de faire une remarque quant au contenu de l'enveloppe : rien n'empêchait ce charmant électeur de voter blanc plutôt que nul...

Cela entraîna un petit cafouillage. Avant moi se tenait une femme d'une trantaine d'années, d'un noir d'ébène, costume africain traditionnel et bébé accroché au ventre par une étoffe de tissu. Compte tenu de sa tenue et de son apparence générale, il était évident qu'elle était française de fraîche date et participait peut-être à sa première élection.
Apparemment, elle non plus n'était pas passée par l'isoloir parce qu'elle était arrivée largement après moi dans le bureau. Rebelote avec la dame qui tient ABSOLUMENT à ce que les gens votent pour quelqu'un : enveloppe vide, isoloir, bulletin dans l'enveloppe, revenir voter.

A ce stade-là je n'avais toujours pas voté parce que j'étais dans la mauvaise file auparavant. Ils avaient scindé l'alphabet en 2 et j'étais évidemment dans la mauvaise file. Sans doute eusse-t-il été judicieux de l'indiquer devant les files... Je m'avance vers la file me concernant quand la jeune maman revient, cette fois-ci avec un nom dans l'enveloppe. Après qu'elle ait signé je m'aperçois que cette maman avait signé d'un B très fébrilement dessiné.

On peut donc en conclure que : 1) elle ne savait ni lire ni écrire, 2) elle a très bien pu vouloir voter blanc à cause de cela mais assurer son droit électoral, 3) que l'assesseuse l'a obligée de faire un choix qu'elle ne souhaitait peut-être pas faire.
Enfin vient mon tour : ouverture de fente, glissement d'enveloppe, "A VOTE", signature, au revoir.

Finalement je comprends que Schivardi ait eu 0,4%. Statistiquement parlant, si l'expérience de la jeune maman se renouvelle dans différentes villes, sans doute plusieurs personnes ont-elles par hasard voté Schivardi sans le savoir...

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